Octobre 2021
4 octobre – 10 octobre
« Avoir un polichinelle dans le tiroir »
Etre enceinte
En utilisant cette expression, les plus jeunes oreilles ne pouvaient pas forcément comprendre l’allusion à un flirt dans des conditions inavouables; de plus, il était tabou d’expliquer comment « faire un bébé » à cette époque-là.
La langue est allée chercher dans la commedia dell’arte le personnage de Pulcinella, marionnette bouffonne et grotesque. Pulcinella a comme racine pulcino qui signifie le poussin; du reste, à la Renaissance, l’expression utilisée était « elle a un poussin dans le ventre ».
Par conséquent, quand la grossesse a un parfum de turpitudes, elle fait appel à la commedia dell’arte pour la révéler ou la railler.
Dans le théâtre de marionnettes, Polichinelle est représenté avec un nez crochu, il est affublé d’un nez crochu et est ventripotent.
MAKING OFF
J’ai un peu hésité à illustrer cette expression qui pouvait paraître vulgaire à certain.e.s
Une fois ma décision prise, je suis allée à la recherche d’un vrai Polichinelle de la commedia dell’arte mais n’en ai point trouvé; je me suis donc rabattu sur celui-ci.
Le tiroir d’un semainier a été choisi … et voilà, la prise de vue était réalisée.
11 octobre – 17 octobre
« Mi-figue mi- raisin »
En demi-teinte; d’un air à la fois sérieux et plaisantin; d’un air à la fois satisfait et mécontent
Au Moyen-Age, la figue était un fruit très bon marché et était même, parfois, comparée à des excréments d’animaux. A l’inverse, le raisin était un aliment de luxe; à cette époque, cette expression signifiait « tant bien que mal ». Ces deux fruits étaient consommés secs durant le Carême. Il arrivait même aux marchands peu scrupuleux d’ajouter aux raisins secs – chers – des morceaux de figues séchées – bon marché.
Au XVIe siècle, cette expression était utilisée pour dire que l’on se partageait la réalisation d’une tâche, l’un s’occupait des figues et l’autre des raisins.
Au XVIIe siècle, l’expression était « moitié-figue moitié raisin » et correspondait au sens actuel (moitié consentant moitié forcé) et c’est au XVIIIe siècle qu’elle se transforme en « mi-figue mi-raisin ».
Pour ceux qui aiment le sucré
MAKING OFF
J’ai bien sûr dû attendre le début de l’automne pour faire ma photo. Mon tout jeune figuier m’a fait quelques fruits qui m’ont permis cette prise de vue.
J’avais envie de rendre en photo la transparence du raisin, j’ai donc essayé plusieurs éclairages.
18 octobre – 24 octobre
« Avoir la puce à l’oreille » – « Mettre la puce à l’oreille »
Etre en alerte, se douter de quelque chose
Au XIIIe siècle, c’était l’expression d’un désir amoureux. L’oreille, en forme de coquillage, pouvait être associée au sexe féminin. Cette connotation se retrouve dans un conte de La Fontaine : « Fille qui pense à son amant absent, toute la nuit, dit-on, a la puce à l’oreille. »
A la même époque, les parasites étant très nombreux, l’expression disait « mettre une puche à l’oreille »; ce qui engendrait de nombreuses séances de grattage.
Au XIVe siècle, l’oreille démangeait lorsqu’on parlait de nous.
Certains disent qu’au XVIIe siècle, l’amant qui trouvait une puce sur sa maîtresse la faisait enchâsser dans un médaillon.
Nos animaux de compagnies n’ont-ils pas aujourd’hui une puce à l’oreille ?
MAKING OFF
Je ne voyais pas très bien comment faire tenir tranquille une puce pour une photo ni, du reste, comment la capturer ! Je me suis donc rabattue sur la technologie actuelle avec la puce d’une de mes cartes périmée.
25 octobre – 31 octobre
« Entre la poire et le fromage »
Entre deux moments qui sont propices à la conversation; entre deux situations
Cette expression est née avant le XVIIe siècle. A cette époque, les convives mangeaient tout d’abord un fruit – souvent une poire dont il existait de nombreuses variétés – puis le poisson, la viande et, au terme du repas, le fromage. A ce moment-là, les convives étaient détendus et repus et le climat était donc favorable à la discussion. La première signification de cette expression « vers la fin du repas » vient de ce déroulement des repas.
L’ordre des plats a été modifié lorsque les soldats français ont observé durant les trêves de la guerre des Flandres que l’ordonnancement des plats chez les gentilshommes castillans n’étaient pas le même : les fruits étaient le dernier « plat » d’un repas. Cela est remonté jusqu’à la Cour et dès la fin du XVIIe siècle, les français mangent également les fruits après le fromage.
Une recette et une autre recette
MAKING OFF
Plusieurs éclairages, plusieurs assiettes, des plats, etc. Difficile de choisir, mais ce sont finalement les assiettes en étain du XVIIe qui ont été plébiscitées … cela tombe bien puisque cette expression date de ce même moment.